Comme une boréale [Eva Cossy]

Comme chaque matin, le paysage d'Ertana s'ouvrait à elle : la rosée du matin étincelait de toutes part sur le paysage de montagne qui semblait fait d'or et d'émeraudes tandis que dans le ciel s'élevaient les particules colorées qui le faisait paraître rouge rosé en ce matin légèrement brumeux mais pas suffisamment pour cacher l'horizon aux yeux d'Elwing alors qu'elle s'extirpait de la grotte dans laquelle elle avait fait un feu la veille pour manger et dormir en toute tranquillité. Restant à plat ventre, elle tendit le bras pour attraper lentement son sac dans cette cavité un peu basse qui lui avait servi d'abri discret comme une large fissure dans la roche qui ne se relève qu'en un endroit pour dévoiler sa nature de grotte. La roche était fraiche et humide mais cela ne la dérangeait pas puisqu'elle était habituée à voyager. Elle extirpa de son sac un appareil photo, toujours aussi discrètement, et le ramena devant ses yeux. Un tel paysage devait être immortalisé, mais avant cela elle cherchait autre chose.

À son réveil, elle s'était levée juste assez pour que ses yeux dépassent de la surélévation de terre qui la cachait pendant son sommeil et donc pour voir un magnifique paon mâle qui devait venir de la plaine plus en contre-bas. Sa traine colorée était parsemée d'étoiles, de par les gouttes de rosée qui étincelaient au soleil et qui devait s'être déposées sur son plumage lors de son petit voyage dans les hauteurs. Elwing se retourna lentement, fixa l'oiseau avec son appareil photo, régla l'objectif pour le centrer sur l'animal et flouter légèrement l'arrière-plan sans pour autant le faire disparaître tant sa beauté s'accordait à la majesté du paysage. Un déclic survint lorsque la photo fut prise, suivit d'un bruit de glissade contre la roche qui surprit l'animal qui soudain s'envola. Elwing, surprise, s'empressa de braquer son objectif vers le ciel, juste à temps pour capturer l'envolée de l'oiseau. Elle resta ainsi un moment le nez levé après ce cliché.

« Alors les paons savent vraiment voler ? »

Elle rabaissa l'appareil photo pour se rappeler soudain du bruit de glissement contre la roche qu'elle avait entendu : elle n'était pas celle responsable de ce bruit puisqu'elle était parvenue à rester immobile à plat ventre et ne s'était relevée à genoux que lorsque l'animal s'était envolé. L'appareil entre ses mains posées sur ses genoux, elle rabaissa enfin le nez pour chercher autour d'elle à la recherche de la provenance de ce bruit, se demandant si un autre animal traînait dans les environs ou si c'était un voyageur qui s'approchait. Elle ramena aussitôt son appareil sur son nez quand elle cru remarquer un mouvement et le braqua dans sa direction, intriguée et impatiente.

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